Au-delà de la pertinence ou non de la réforme récente, voici les questions que me posent certaines pratiques actuelles dans le secteur de la formation, tant du côté des organismes que des entreprises clientes.

Que la formation se passe en inter ou en intra entreprises, il est souvent nécessaire de faire se déplacer un certain nombre de collaborateurs pour les réunir en un point donné. Que voyons-nous alors se passer ?

Pour éviter une nuit d’hôtel supplémentaire, les participants ont très souvent dû se lever le premier jour entre 3 et 5 heures du matin, pour arriver à 9 heures, voire plus tard, avec les aléas des transports. Tous les talents d’animation du consultant formateur ne suffisent parfois pas pour ranimer l’écoute du groupe, pendant le premier après-midi. Économie d’hôtel, oui, mais perte de matière et de qualité de l’apprentissage.

Le dernier jour, qui est souvent le deuxième, il est fréquent que ces mêmes participants, qui habitent loin, « doivent » quitter la formation vers 16 heures, pour rejoindre une gare ou un aéroport. La majorité des entreprises et des managers ne veillent manifestement pas à ce que leurs collaborateurs tirent le maximum de profit de ce temps privilégié. Peut-on alors se demander s’ils croient même à l’efficacité de la formation ? Voient-ils dans le consultant formateur un magicien capable de transformer leurs collaborateurs en quelques heures ?

Autres petits détails d’intendance :

Les entreprises qui achètent de la formation à des organismes tentent de réduire leurs coûts. Les organismes de formation tentent à leur tour de réduire les leurs, et dématérialisent leurs supports, entre autres. Nous consultants formateurs indépendants qui sommes assez souvent sous-traitants de ces derniers nous retrouvons dans la situation suivante : l’organisme envoie à l’entreprise cliente les supports dématérialisés ou remet aux stagiaires une clé USB contenant les supports. L’entreprise cliente dans certains cas refuse d’imprimer les supports pour des raisons de coûts … ou de développement durable. La prise de notes se fait donc sur papier libre, de façon assez anarchique lorsqu’il y a des schémas, en particulier.

Nous avons vraiment des doutes sur l’efficacité pédagogique de cette pratique. Comment un stagiaire va-t-il s’y retrouver ensuite entre son support électronique, sur lequel il ne peut pas écrire, car le plus souvent remis en pdf, et des notes sporadiques qu’il aura prises sur des feuilles qu’il aura peut-être même bientôt égarées ?

Et le développement durable des compétences, qu’en fait-on ?

Et ce ne sont que quelques exemples qui montrent que certaines entreprises n’ont pas pris la mesure de l’apport de valeur de la formation… lorsque l’entreprise investit dans des moyens industriels, elle n’hésite pas à payer plus cher et à réunir les meilleures conditions pour mettre en œuvre ses nouveaux moyens de production : l’achat étant amorti sur plusieurs années, nous savons tous que le retour sur investissement justifie largement l’effort consenti !

Des compétences bien acquises et mises en pratique peuvent rapporter gros à l’entreprise… au regard de l’investissement !

Et le défaut de ces mêmes compétences peut lui coûter tellement cher…

Alors pourquoi la formation est-elle encore trop souvent considérée comme du consommable ?