Musicien multi-talents, Stephen Mahoney, adhérent de la région Centre, met la créativité au service des entreprises pour renforcer les capacités d’adaptation au changement, la cohésion de groupe et le bien-être professionnel.
Stephen, pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel ?
J’ai grandi dans le spectacle avec un père musicien qui m’a appris la batterie dès mon plus jeune âge. A l’adolescence, j’ai aussi appris la guitare, fait mes premières scènes et décidé de vivre de la musique. Pour assurer mes arrières, j’étais également animateur socio-culturel. Au fil du temps, j’ai ajouté des cordes à mon arc avec le chant et les percussions du monde, surtout africaines et latino américaines, puis corporelles et sur objets. A présent j’étudie la danse…
Parallèlement, j’ai été sollicité pour enseigner depuis l’age de 18 ans. Cela m’a donné le goût d’accompagner les personnes à se dépasser pour atteindre leurs objectifs, et je n’ai d’ailleurs pas cessé de le faire ! Je me fais à chaque fois un challenge de trouver des moyens spécifiques pour aider à résoudre chaque difficulté. La musique demande une auto-discipline rigoureuse pour repousser ses limites en permanence, surtout pour atteindre un niveau professionnel, voir virtuose. Depuis l’âge de vingt ans, j’ai étudié et croisé différentes approches : aïkido, mindfulness, PNL, auto-hypnose, eutonie, sophrologie, toutes m’ont apportées des clés pour progresser en alignant trois niveaux de conscience : le corps, le cœur et la tête.
L’intégration de ces clés à ma pratique musicale m’a permis de développer mes premiers outils d’accompagnement pour mes élèves.
Je faisais pour eux comme pour moi, ils avançaient et semblaient plutôt satisfaits ! D’année en année, avec des particuliers et des groupes de tous âges, de toutes catégories socio-professionnelles, j’ai acquis une posture de coach et peaufiné mes outils. C’est comme cela que je suis passé du coaching artistique au coaching de vie, puis professionnel.
En 2012 j’ai décidé de suivre une formation académique au coaching, à l’université Paris-8. Malgré mon expérience de terrain, j’avais besoin de connaissances théoriques complémentaires avant de créer ma société de conseil et formation : Zebraction. C’est ainsi que j’ai découvert l’approche systémique, à laquelle je continue de me former depuis 3 ans, et le Creative Problem Solving, que j’ai la chance d’apprendre et de pratiquer régulièrement aux côtés d’experts en créativité et innovation, Colette Chambon, Olwen Wolfe, Isabelle Jacob, et cela grâce à l’association Créa-france dont j’ai co-fondé l’antenne régionale à Tours en 2014 : CréaCentre.
Aujourd’hui, j’aide les personnes et les équipes à apprivoiser la formidable puissance des émotions pour la mettre au service de leurs projets ou objectifs. C’est exactement ce que l’on fait quand on créé et qu’on joue un spectacle, et je sais transposer ces compétences aux différents contextes de l’entreprise. Au passage, cela permet aussi de gérer le stress, de résoudre les conflits et de développer les qualités relationnelles, ce qui améliore considérablement la cohésion des équipes. Ce qui me motive dans le fond, c’est de transmettre des outils et des méthodes pour favoriser l’épanouissement individuel et collectif car lorsque l’on se sent bien, on travaille mieux et surtout, on vit mieux !
Qu’est-ce qui vous a poussé à passer de l’enseignement de la musique au coaching
J’abordais la quarantaine et j’avais besoin d’un nouveau souffle dans mes activités. Deux situations m’avaient marquées : j’avais eu pendant 5 ans une élève que la vie avait très durement malmenée, et qui cherchait au travers de la musique un moyen de se reconstruire. Dans la même période, un élève m’avait dit qu’il apprenait beaucoup plus que de la musique dans mes cours. Ces situations m’ont fait prendre conscience que la musique en tant qu’art m’intéressait moins qu’avant. Je voulais surtout utiliser ce qu’elle m’avait enseigné pour accompagner le développement des autres.
Comment amenez-vous l’art, la création dans un groupe ?
Je ne crois pas que j’amène ni l’art ni la création, car ils sont déjà présents en chacun. Ce que je crée, ce sont des conditions à partir desquelles les personnes entrent en contact avec leur potentiel créatif et leur sensibilité artistique. Socrate est considéré comme le père du coaching, car il a développé la maïeutique, où l’art de faire accoucher les esprits… C’est bien de cela qu’il s’agit : permettre à ce qui est déjà en germe à l’intérieur de prendre forme. Je n’apporte pas de solutions, je met en œuvre des moyens et je tiens une posture qui permettent aux personnes de créer leur propre solution.
Ma méthode de référence est le Creative Problem Solving.
Née aux USA, elle a rapidement fait le tour du monde dans tous les secteurs de l’innovation. Elle permet de faire émerger des réponses efficaces face à toutes sortes de challenges. Avec le CPS et ses nombreux outils, les gens sont capables de produire des solutions absolument extraordinaires dont ils sont souvent les premiers surpris !
Pouvez-vous nous donner des exemples d’aides à la création ?
Un grand groupe de transport ferroviaire souhaitait favoriser la coopération et l’intelligence collective au sein des équipes de son centre de formation, traditionnellement structuré en silos. L’idée a été d’utiliser la métaphore de l’orchestre pour initier un changement dans les comportements professionnels.
Les personnes ont d’abord créé chacun un instrument personnalisé à partir de matériel de récupération. Ensuite, ils ont formé des sous-groupes pour créer un répertoire musical de 5 min par sous-groupe avec une mise en scène. Enfin chaque sous-groupe a présenté ses créations dans un mini spectacle.
Toutes les étapes ont été ponctuées par des débriefings pour rendre explicites les processus créatifs et coopératifs mis en œuvre par les participants, en lien avec leurs métiers. L’approche métaphorique par l’expérience vécue est d’une puissance sans égal en matière d’apprentissage, de mémorisation, et de capitalisation du savoir. La mémoire du corps ne s’efface pas, et les compétences ainsi acquises sont directement transposables dans la vie professionnelle comme personnelle. En plus, les gens adorent ce genre de méthodes car elles sont hyper ludiques et donnent une place utile à la fantaisie individuelle.
Quels objectifs poursuivez-vous lorsque vous organisez un atelier créatif pour une entreprise ?
Il y a deux niveaux d’objectifs, le premier est celui du commanditaire, le deuxième est celui des participants.
Pour le premier, c’est le client qui m’indique ses objectifs. Il y a une première phase de clarification qui permet de s’assurer d’une bonne compréhension réciproque et de définir des indicateurs de réussite précis. C’est grâce à eux que nous saurons à quel point les objectifs du client ont été atteints. Ensuite je lui fais une proposition que nous revoyons et ajustons ensemble. Je prépare alors l’intervention dans tous ses détails pour être fin prêt au moment du spectacle !
Sérieusement, lorsque j’anime un atelier, une formation ou une séance de coaching, je me prépare exactement comme pour un spectacle sur scène, c’est à dire :
- connaitre le processus sur le bout des doigts (la musique à jouer)
- être en parfaite connexion avec les autres intervenants s’il y en a (les autres musiciens)
- avoir soigneusement préparé le matériel (accordé les instruments, réglé le son et les lumières)
- créer et maintenir une véritable relation avec les participants (captiver le public jusqu’au bout)
- savoir s’adapter, rebondir et se réajuster en temps réel (être capable d’improviser en respectant l’harmonie)
Le deuxième niveau d’objectif concerne l’adhésion des participants.
Plus ils s’impliquent, s’immergent dans le processus en prenant du plaisir à jouer le jeu, plus ce niveau d’objectif est atteint car cela signifie qu’ils en récoltent les fruits, que l’action est efficace.
Merci Stephen d’avoir répondu à nos questions ! On peut vous écrire ici et visiter votre profil sur le site du SYCFI.
Propos recueillis par Aurélie Romand pour Mon cher Watson.