Compte-rendu de l’après-midi dédié aux différentes formes d’intelligences et de l’atelier “développer la culture de l’intelligence intuitive en entreprise,… ou comment utiliser nos facultés au quotidien pour décider ou s’orienter plus facilement“.

Démarrage des Printanières jeudi 18 mai 2017 après-midi, avec trois interventions autour de la question des différentes formes d’intelligence.

En se référant à Howard Gardner, Chloé Herzhaft, formatrice CFI et auteure spécialisée dans les notions d’intelligences territoriales et collaboratives, introduit la séquence avec des définitions. Elle distingue en particulier les intelligences du registre personnel, celles qui concernent la relation au groupe et celles qui ont une approche plus globale.

A la base, précise-t-elle, la notion d’intelligence recouvre l’« action de se faire comprendre et la capacité à générer des liens et à créer du sens ».

Nous sommes 40 participants à l’écouter avec attention, cette question des différentes formes d’intelligence, thématique de base des Printanières de cette année, touchant de près nos pratiques à la fois de formateurs et de consultants. Cela vient en effet interroger la manière d’analyser et d’aborder les problématiques, mais aussi le rapport à l’apprentissage, ainsi que le « faire travailler ensemble ».

Les intelligences du niveau personnel existent chez tous les êtres humains, à des degrés divers et – bonne nouvelle ! – il est parfaitement possible de les améliorer tout au long de sa vie. Le cerveau, en effet, contrairement à ce que l’on a longtemps cru, est « plastique », les neurones se remplacent, les circuits neuronaux se modifient. Il faut juste continuer à être curieux, à apprendre, à se remettre en question.

France Doutriaux, créatrice de l’Institut de formation Communication Activ, aborde à la suite la question spécifique des intelligences émotionnelle et relationnelle. L’IE et le calcul de son quotient sont dorénavant des sujets à la mode et largement développés dans les publications scientifiques, ainsi que dans le domaine du management. Aucune décision pertinente ne peut se prendre sans tenir compte de la dimension émotionnelle et, contrairement à l’approche développée par Descartes qui a influencé des générations d’occidentaux, l’esprit ne peut être dissocié du corps dans son fonctionnement. On sait d’ailleurs maintenant qu’il existe des neurones ailleurs que dans le cerveau, notamment dans le ventre.

France évoque quelques clés à garder à l’esprit pour développer des relations harmonieuses et plus efficaces : être conscient que nous sommes différents les uns des autres, constater que l’adaptation à l’autre se fait naturellement sauf quand nous sommes trop autocentrés (par exemple, quand nous sommes trop stressés ou submergés par nos émotions), apprendre à écouter vraiment, essayer de se comprendre en accueillant les différents points de vue. Les émotions sont des signaux d’alerte de besoins satisfaits (joie) ou frustrés (colère, peur, dégoût, tristesse). En cela, elles sont indispensables pour agir et s’intégrer dans le monde, ainsi que pour prendre soin de soi et des autres. L’intelligence émotionnelle c’est la capacité à les identifier et les accueillir chez soi mais aussi la capacité à composer avec les émotions des autres. Intelligence émotionnelle et intelligence relationnelle sont à la base de l’intelligence collaborative (lire le compte rendu de l’atelier sur l’intelligence collaborative, du samedi matin).

Enfin, Alexandre Ginoyer, CFI, auteur et vice-président du CMA (Comité mondial pour les apprentissages au long de la vie, partenaire de l’UNESCO), évoque les interconnexions entre 4 principales formes d’intelligences (rationnelle, émotionnelle, corporelle, spirituelle), en référence aux théorie de Stephen Covey. Comme Chloé, il insiste sur l’idée qu’il est possible de développer ces différentes intelligences mais aussi leur rapport entre elles, sans aucune limite. Le CMA milite pour la mobilisation de ces différentes formes dans l’apprentissage, selon une approche globale, systémique, de l’apprenant (voir à ce sujet le Livre des 10 ans du CMA, qui doit paraitre ces temps-ci).

Il souligne aussi la nécessité pour le formateur de se former en permanence, de développer son expérience personnelle et de « débriefer » régulièrement auprès de personnes compétentes, afin de faire évoluer son approche et sa pratique pédagogique. Il se réfère en particulier à Gandhi et à son fameux aphorisme : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ».

Dominique Brichard, Déléguée adjointe du SYCFI Normandie et animatrice de la table ronde, fait la transition avec l’échange avec la salle en donnant une nouvelle définition de l’intelligence qui peut être considérée comme « une potentialité qui doit se transformer en capacité ». On identifie donc là la nécessité du « passage à l’acte », de la mise en œuvre.

Chloé Herzhaft, en lien avec la dernière intervention, fait valoir que l’intelligence ne peut véritablement se développer que dans l’inconfort, et Philippe Cusson, président du SYCFI, conclut en évoquant l’intelligence artificielle, la possibilité dorénavant donnée à certaines machines d’intégrer la dimension émotionnelle et le constat récent que des robots peuvent mettre en œuvre une forme d’intelligence collaborative sans qu’on sache bien expliquer comment.

Cette dernière remarque peut inquiéter : si notre société – du moins en Occident – découvre à peine l’utilité de développer les intelligences émotionnelles, relationnelles et collectives, à côté de l’intelligence rationnelle surinvestie, que peut-il se passer si les ordinateurs deviennent très vite meilleurs que nous dans ce registre ?

 

Atelier sur l’intelligence intuitive, animé par Patrick Faure.

Patrick Faure a un parcours diversifié dans les domaines spirituel et énergétique, notamment. Il est à la fois coach et consultant, thérapeute et magnétiseur, ce qui en interpelle certains dans l’assistance. Pour lui, l’intelligence intuitive est l’intelligence du vivant, dans une optique où tous les êtres vivants sont en fait interconnectés. La vie est avant tout vue comme une énergie, on « fait tous partie du vivant ». Il définit l’intelligence intuitive comme « la capacité à distinguer, isoler une manifestation du subconscient ». C’est une extension de nos sens de manière à disposer d’un maximum d’informations. Elle n’est pas accessible à un raisonnement logique car elle fonctionne trop rapidement (l’instinct, appuyé sur le cerveau reptilien, est infiniment plus vif que l’intellect, qui se développe dans le cortex).

Tout le monde possède une intuition et est ou non à son écoute. L’intelligence intuitive est une capacité qu’on peut développer à tenir compte de son intuition pour agir. Il s’agit de « rechercher l’équilibre au sein du déséquilibre ». Pour Patrick Faure, c’est là que se trouve le destin de l’être humain.

A partir de ces considérations, une longue discussion-débat s’engage entre lui et les participants, certains ayant du mal à concevoir que tout ne passe pas par la conscience et le raisonnement. Car Patrick insiste largement sur le fait qu’il ne s’agit pas en l’occurrence de « savoir » mais de « sentir ». Il souligne aussi que chacun a des manières variables de percevoir et s’appuie différemment sur ses sens et qu’il n’y a pas de « combat » à mener : il s’agit d’associer les manières de percevoir, pas de privilégier l’une (par exemple, la raison) contre l’autre ; il s’agit d’opérer le « juste choix », plutôt que le « bon choix ».

Un premier exercice, appelé « 1, 2, 3, soleil », nous invite à nous figer pour écouter :123soleil

on passe alors du mode « émetteur » (réflexion, analyse, calcul, parole) au mode « récepteur » (silence, écoute, respiration, sensation). Il s’agit d’un changement de polarité. Patrick indique qu’après une longue pratique on peut arriver à être les deux à la fois (ou du moins à passer très vite d’un mode à l’autre). C’était notamment le mode de fonctionnement d’Einstein et de beaucoup de vrais génies.

Pour écouter son intuition, il suffit alors d’accueillir tout ce qui vient, sans juger ni trier. Chacun reconnaîtra à la pratique ses modes privilégiés de perception.

 

Dans un deuxième exercice, nous sommes invités à nous regrouper par trois et à mutuellement nous montrer la photo d’une personne stockée sur notre téléphone : le participant qui montre aux deux autres une photo sélectionnée dans son album personnel ne présente pas la personne qui est sur la photo. Chacun des deux autres participants évoque alors à haute voix ce que le visage montré lui inspire. Ensuite, celui qui a montré la photo décrit la personne qu’elle représente. Dans le petit groupe dans lequel j’étais, les perceptions de chacun devant ces visages inconnus se sont chaque fois révélées plus que pertinentes, parfois même interpellantes de perspicacité. Il a effectivement suffi de laisser venir les sensations suscitées par la contemplation du visage montré. La notion de fluidité entre dans ce cas en ligne de compte : elle est liée à la capacité à accueillir – chez soi et chez l’autre – les ressentis et tout ce qui vient sans juger.

Patrick Faure conclue ce passionnant atelier en évoquant les pièges qui peuvent bloquer notre intelligence intuitive : l’émotionnel, les désirs et les peurs. Ils influencent notre perception, la faussent et peuvent nous amener à de mauvaises conclusions. Il y a donc d’abord – chaque fois que l’enjeu pèse sur nos émotions – à les neutraliser (redevenir neutre). Attention aussi : identifier ces ressentis ne suffit pas à les neutraliser.

Cette forme d’intelligence en particulier fait le lien entre toutes nos parties, tout ce que nous sommes.

Elle permet aussi d’accéder à une autre dimension de nous-mêmes et à des informations que nous avons tendance à considérer comme inaccessibles car subconscientes. Intérêt supplémentaire, comme le dit Patrick Faure, notre intuition ne se trompe jamais, contrairement à notre raisonnement.

Il est clair qu’un atelier comme celui-ci ne peut que donner l’envie d’approfondir et la frustration se faisait sentir de n’avoir pu pratiquer que deux exercices assez courts.

Article proposé par Françoise HECQUARD, Consultante et formatrice en accompagnement du changement – Coach vocal

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