Depuis quelques semaines, les informations pleuvent sur un sujet délicat : le harcèlement sexuel en entreprise ou ailleurs.
Les femmes se soulèvent pour alerter tout un chacun sur une situation qui a assez duré !
Je profite donc de ma position d’adhérente et de femme pour avancer quelques réflexions sur ce thème hautement relayé par les médias.
Ma profession de consultante-formatrice me place face à des groupes mixtes et depuis quelques temps, les langues se délient.
En ayant discuté du sujet avec des collègues du SYCFI, voici ce que je me dis :
Qu’appelle-t-on harcèlement sexuel ? Où commence et où finit-il ? Qui doit-on incriminer ? Comment se défendre ? Que se passe-t-il en réalité ? Pourquoi on n’en parlait pas ?
Vous voyez, les questions foisonnent et nous n’avons pas toutes les réponses.
Eh oui, tout dépend de l’interprétation des faits. Entre un mot, un geste ou regard ou mimique évocatrice, une menace, un attouchement et un passage à l’acte, il y a des quantités de nuances et donc nécessairement autant de conséquences de part et d’autre : des traumatismes à vie, des amendes, des peines de prison parfois…
Prenons quelques exemples…
Si Mr. Y fait un compliment à son assistante : « Vous êtes très en beauté aujourd’hui, Mylène ! » Selon les relations existantes entre eux au travail, ce peut être considéré par Mylène comme « lourd » ou comme « sympathique ». Dans une pub, le collègue dit : « Joli collier Mylène ! » Elle répond : « Joli p’tit cul Hervé ! » Vous saisissez les subtiles nuances ? Ici, rien de trop grave… pourtant cette réflexion de Mr. Y n’a rien à faire dans un bureau ! Point.
Si M. Y récidive et appuie ses remarques de regards qui balaient la personne ou de gestes trop rapprochés, Mylène peut se sentir gênée. Là, nous avons gravi un échelon… Les stéréotypes, qui tranchent à l’emporte-pièce, désignent les hommes comme entreprenants et les femmes comme des potiches et on aura tôt fait de ranger cette attitude dans « Bof, c’est pas si grave ! » ou « Elle est chochotte ! » ou « Vous savez bien comment il est M. Y… » afin de minimiser les faits.
Si Mylène est de surcroît hyper timide, elle sera d’autant plus mal à l’aise malgré l’intention innocente quoique flatteuse de son patron. Dégâts psychologiques en vue !
Si Mylène est l’employée, cela sera aussi très différent de la même situation, mais dans laquelle elle serait la directrice (voir le sketch d’une comique célèbre) ! La roue peut tourner…
On pourrait multiplier les « si » à l’infini !
Chaque comportement suscite des réactions émotionnelles : colère, peur, honte, dégoût, envie, gêne… En entreprise, personne n’est censé faire de commentaires sur la personne, mais seulement sur son travail, ça tout le monde le sait. Seulement voilà, le quotidien émousse les règles ! Travailler avec une personne tous les jours, ça crée des liens tout de même, alors, les écarts de conduite et les dérapages vont bon train.
Et puis, doit-on le reconnaître, les femmes (courageuses) en tirent parfois parti… Une collègue me racontait qu’un de ses amis a été « traîné dans la boue » pour avoir osé faire un compliment à une collaboratrice qui l’a aussitôt poursuivi en justice. « Bien fait ! » diraient les féministes pures et dures ! Bah non, restons mesurés dans tous les cas si c’est possible.
Attention tout de même, j’insiste sur le fait que l’on ne peut mettre sur le même plan les actes de tous les jours et les violences faites aux femmes de par le monde ! Les statistiques le prouvent : une femme meurt toutes les 2 mn sous les coups d’un homme ! Rappelons qu’il s’agit là de crime. C’est inadmissible et souvent les victimes se taisent par peur de représailles. De quoi attiser la colère des femmes ! Et la colère pousse à la violence, alors, n’entrons pas dans l’attractivité d’un cercle vicieux. Nous devons tous lutter contre ces effets de la testostérone en excès. Homme ou femme, apprenons à échanger sans porter de coups, acceptons de demander de l’aide, restons vigilants à ce qui se passe autour de nous !
Notre métier de consultant peut nous placer en situations injustes (réflexions sexistes, marchandages douteux sans parler des salaires différents…), mais gardons la tête froide et l’esprit ouvert.
Les mentalités ne changent pas du jour au lendemain, en revanche, notre quotidien peut y gagner si nous maintenons notre vigilance pour nous-mêmes et pour ceux et celles qui nous entourent.
Fougères le 5 décembre 2017