ASSISES 2014_Visuel haute définitionSECURISER et PERENNISER L’ACTIVITE du CONSULTANT-FORMATEUR INDÉPENDANT
Quelles sont les stratégies gagnantes dans un environnement incertain ?

CR de Chantal Buhagar et Danièle Simon, chargées de mission du SYCFI

 

  • Dans son allocution d’ouverture, Lionel SOUBEYRAN, Président du SYCFI, a rappelé que

la communauté professionnelle des Consultants-Formateurs indépendants avait émergé avec la loi Delors de 1971 et s’était fédérée en organisation professionnelle depuis une trentaine d’années. Au moment où la problématique du chômage a pris le pas sur celle de la promotion sociale et où la dernière réforme reconfigure la Formation Professionnelle continue, les consultants-formateurs indépendants peuvent se demander s’ils ont encore une utilité sociale et un avenir économique. C’est le moment, a-t-il ajouté de s’appuyer sur les TROIS PILIERS DU CONSULTANT-FORMATEUR INDÉPENDANT.

Fabrice GUTNIK, Président de l’Association française de réflexion et d’étude sur la formation (AFREF), a ensuite abordé l’ENVIRONNEMENT JURIDICO-SOCIO-ECONOMIQUE DES CFI, avec les OPPORTUNITES, les CONTRAINTES ET la PROSPECTIVE. Il a mis l’accent sur les évolutions techno-socio-éco-professionnelles contemporaines, la récente loi sur la réforme de la FP étant à positionner dans ce contexte, et il a identifié les lignes de force de la problématique posée aux acteurs de la formation professionnelle en général, et aux CFI en particulier. Les technologies numériques transformant profondément les pratiques professionnelles dans le domaine du conseil, de la formation et de l’accompagnement, il importe que les CFI prennent la mesure des impacts de cette révolution numérique.

  • Vint ensuite la première Table Ronde sur les EVOLUTIONS DES ATTENTES ET DES PRATIQUES D’ACHAT DES CLIENTS

En tant que représentants de la commande de prestations dans le domaine du conseil, de la formation et de l’accompagnement, Bernard MONTEIL, Président de la FFP et Alexis HLUSZKO, Président du GARF (Groupement des acheteurs et responsables de formation), ont exposé leurs attentes à l’égard des CFI et leurs politiques d’achat.

Face à la contraction des budgets, on constate que les modalités d’achat des prestations poursuivent les transformations amorcées il y a plusieurs années dans un mouvement de concentration, de normalisation et de standardisation, et que les diplômes, certifications, habilitation et référencements prennent une place de plus en plus importante dans le choix des prestataires.

Les acheteurs recherchent des CFI capables d’accompagner à 3 niveaux : les processus (il s’agit souvent de projets d’ampleur avec un accompagnement sur la longueur), les GPEC et l’évolution métiers (qui demandent une grande part d’analyse et la prise en compte de multiples facteurs) et l’individualisation (à la lisière entre formation et coaching).

Leurs critères de sélection des CFI sont les références, le prix, la compréhension du contexte de la commande et la certification, cette dernière n’étant toutefois pas suffisante pour garantir la qualité de la formation. Le statut, par contre, importe peu. Ce qu’ils recherchent, c’est la Qualité de la formation, laquelle ne peut venir que d’une co-production de la formation entre l’intervenant et le commanditaire et de la relation avec les apprenants.

Dans la mesure où le présentiel tel qu’il se faisait avant, celui où on fait de la diffusion de savoir, est une chose du passé, il faut que les CFI se mettent au goût du jour et évoluent vers utilisation de ces nouveaux outils afin d’être à même de proposer un présentiel dans lequel la relation stimule l’apprenant. Il convient donc de gérer le paradoxe entre la force d’une structure de formation et la force du CFI, à savoir le sur-mesure et la souplesse, afin de mieux travailler ensemble.

  • Lors d’un premier “bon plan”, Pierre PELOUZET, médiateur des relations Inter-entreprises, a ensuite abordé la médiation interentreprises, un service public de résolution des conflits.

Il a indiqué que, à l’origine d’un éco-système autour de nos valeurs, il y avait 3 axes pour faire bouger les choses : la médiation, la charte et le label. Il a précisé que l’on venait souvent à la médiation en curatif, et que 80% des médiations interentreprises débouchaient sur une résolution de conflit, ne serait-ce qu’en créant du lien… Mais on agit aussi en préventif , grâce à la charte signée par 500 entreprises, des PME au CAC40…

  • Les participants à une deuxième Table Ronde se sont posés la question de savoir s’il fallait REGULER L’ENTREE DANS LA PROFESSION.

François GALINOU, président de l’ICPF & PSI, Aurélie MAURIZE, de Centre INFFO et Françoise LAROYE-CARRE, de SIPCA Formation, ont identifié les diverses manières dont le CFI peut attester de ses compétences et examiné les avantages et les inconvénients d’une approche régulatrice de la profession de CFI. Ils ont précisé que c’est l’activité qui est réglementée et non la profession en tant que telle.

L’actuel gouvernement considère qu’il y a beaucoup trop d’Organismes de Formation en France. On estime en fait à 50 000 le nombre d’OF “vrais”, c’est-à-dire ayant fait au moins 1 action de formation dans l’année. Il semblerait que le secteur se prend en main depuis 20 ans en participant aux normes professionnelles avec l’Afnor et que le marché se régule de lui- même, sans qu’il soit nécessaire de légiférer sur l’entrée dans la profession…

Quid de la pédagogie dans une démarche de certification ?
Evaluer la qualité peut se faire sur l’OF donc sur ses processus, ou sur le formateur donc sur son professionnalisme.
En ce qui concerne les critères pour attester des compétences, Il est précisé qu’elles ne peuvent être évaluées que par un professionnel. Il est également indiqué qu’il paraît normal de devoir montrer ses compétences puisque, dans les réponses aux appels d’offres, les CFI indiquent bien leurs diplômes ; c’est quelque chose de fondamental pour les acheteurs.

  • Lors d’un deuxième bon plan, Gilles TRICHET, membre du groupe d’élaboration du RP-CFI, aborde le répertoire professionnel des consultants-formateurs indépendants (RP-CFI).

Ce répertoire permet au CFI d’attester de sa professionnalité et de son expérience dans le cadre d’une reconnaissance entre pairs. La volonté du RP-CFI est d’organiser la profession qui doit être, certes, ouverte à tous, mais pas à n’importe qui !

  • Après un déjeuner convivial sur place, l’après-midi a commencé par un troisième bon plan avec Jean BESANÇON, Président de l’Université Ouverte Des Compétences (UODC).

Il nous a rappelé que l’UODC était une ressource pour développer le métier et l’activité du CFI, un outil de réflexion et de partage d’idées, et que son site était utile pour notre veille. On trouve en effet sur le site www.uodc.fr des conférences d’experts sur des sujets professionnels, souvent avec des angles provocateurs, ainsi que des vidéos.

  • Une troisième Table Ronde a ensuite abordé les SYNERGIES POSSIBLES ENTRE LES OUTILS ET LES PRATIQUES CLASSIQUES ET NUMÉRIQUES.

Le développement et la diffusion très rapide de dispositifs pédagogiques innovants, le plus souvent en rapport avec les technologies numériques, sont-ils des opportunités ou des menaces pour les CFI ? C’est la question que se sont posée Pierre-André CARON, Maitre de conférences en sciences de l’Education à l’Université des Sciences et technologies de Lille (Lille 1-CUEEP), Jean-François THIRIET, Consultant-formateur indépendant, membre du SYCFI, concepteur et utilisateur de jeux métaphoriques et Alban BAUDRY, acheteur de formations dans le Groupe CARREFOUR.

Il ne s’agit plus en fait de se demander si le CFI doit intégrer ou non dans sa pratique et dans ses développements des applications des technologies numériques ! La société avance beaucoup plus vite que les formateurs ; le numérique est déjà là et il faut s’en servir… Dorénavant, les stagiaires attendent que les formateurs utilisent le numérique ; mais le numérique en formation oblige à repenser la pédagogie… créer une dynamique de groupe virtuel, c’est possible ! Mais il faut faire attention car la forme écrase le fond…

Ceci étant, il ne faut pas oublier que l’attention des utilisateurs d’outils numériques est plus morcelée ; on sait en effet qu’ils répondent au téléphone ou aux mails en même temps qu’ils se forment. Comment donc parvenir à la compétence ? Que reste-t-il, qu’ont appris les stagiaires à la fin du tutoriel ? Il ne faut en effet pas confondre acquisition de savoirs et acquisition de compétences, or ce qui compte vraiment si l’on veut parler efficacité en formation, c’est qu’il se passe quelque chose de différent sur le terrain après la formation …
Il est évident qu’il ne faut pas éliminer le présentiel… Ce n’est pas 2h de e-learning qui va rendre des caissières plus aimables à la caisse ! Et il semble donc qu’il faut se tourner vers des dispositifs mixtes, qui se répondent, aussi bien avant la formation qu’après, pour entretenir la flamme. Le présentiel est en outre un lieu fort de sociabilité, un lieu d’échanges ; c’est aussi parfois le seul moyen pour une équipe de se retrouver, quand les gens alternent dans leur horaires par exemple… C’est aussi un lieu où le formateur peut être vecteur d’exemplarité, ce que n’apporte pas le numérique seul…

  • Enfin, une quatrième Table Ronde a abordé les FORMES JURIDIQUES D’EXERCICE POUR LE CFI DE DEMAIN.

Me Daniel-Julien NOEL, président CNPL (Chambre Nationale des Professions Libérales) et Catherine Mailhan, responsable couveuse Paris BGE Parif, Réseau national d’appui aux entrepreneurs, ont mis en évidence les liens entre les stratégies et les statuts juridiques envisageables pour optimiser l’exercice de la profession de CFI.
Tous les statuts possibles pour les CFI ont été commentés (SARL, SAS, Auto-entreprise, Scop (une très bonne solution, qui nécessite de bien se connaître et d’avoir un vrai projet entre associés)… L’essentiel est de bien y réfléchir et de décider et respecter les obligations liées au statut choisis. De nombreuses réponses sont d’ailleurs apportées sur notre site www.sycfi.org.
Il reste certainement un espace pour un professionnel qui choisit l’indépendance, mais il semble important pour le CFI de savoir se rapprocher de confrères et consœurs pour former ponctuellement ou plus durablement des groupements professionnels.

  • Une conférence de synthèse a été faite par Olivier GOURBESVILLE, consultant-formateur indépendant, membre du SYCFI.

Au terme de cette journée d’étude, notre confère s’est attaché à articuler les points saillants qui ont émergé des apports et des échanges, et à identifier les points d’appui pour que chaque CFI puisse élaborer sa propre “stratégie gagnante”.

En clôture, nous avons pu avoir quelques information sur où en est la loi de Mars 2014, grâce à la présence de Jean Marc HUART, de la DGEFP, qui s’est montré plutôt rassurant. Tous les textes sont parus ou prêts, et la loi entrera en application en janvier 2015. Elle répond à un demande sociale qui, depuis ces dernières années, pousse à ce que l’état “agrée” les OF. Un décret sur la Qualité va paraître ; il posera des critères sur la cohérence formation / formateur et sur l’évaluation, notamment à froid, ainsi que sur les labels déjà existants.

Ce fût une journée dense et bien remplie et ces Assises ont contribué à œuvrer dans le sens de la démarche collective d’étude et de réflexion prospectives sur la profession de CFI qui caractérise le SYCFI