Pour atteindre les objectifs de croissance, les entreprises sont généralement soumises aux principes de réduction des coûts et de maximisation des marges à court ou moyen terme. Ceci s’est souvent fait au détriment de l’environnement et de la qualité des services offerts au consommateurs.

En raison de l’exigence grandissante de ces derniers sur les sujets environnementaux, l’entreprise doit repenser sa façon de concevoir l’offre en incluant les notions de qualité, d’utilité sociale et de non nocivité environnementale ; le tout dans une logique de convergences d’intérêts et de coopération multi acteurs.

Illustrons notre problématique avec un exemple citoyen :

Si faute de pouvoir acheter du matériel de chauffage d’occasion vous choisissez du neuf auprès d’un fabricant, ce qui devient l’enjeu principal est d’avoir une solution de confort thermique. Etant soucieux de votre porte monnaie et de l’environnement, vous chercherez sûrement à en savoir davantage sur les gains en termes d’économies d’énergies induits par ce nouvel équipement. Vous vous mettrez alors à sélectionner parmi les prestataires sur le marché celui qui sera le plus performant suivant ces critères.

Dans la commune où vous habitez, les autorités qui mettent en place des stratégies de transition énergétique, auront intérêt à établir un partenariat avec ce genre d’entreprises, car voir leurs habitants adopter une telle démarche d’optimisation des consommations d’électricité sera un gage de succès économique, politique et environnemental. Des retombées positives pour tous les acteurs sont donc envisageables.

Un autre exemple, professionnel, illustrera encore ce type de démarche :

Le programme Be Smart Home du département du logement de l’Etat du Maryland (Etats-Unis) est un exemple illustrateur de ce type de démarche : son objectif est de fournir aux habitants des installations de pointe qui respectent les nouvelles normes d’économie d’énergie. Les participants, pour bénéficier du financement du programme, doivent travailler avec un contractant homologué pour son expertise en efficience énergétique et en techniques d’optimisation innovantes. La liste des actions prises en charge peut aller des installations solaires et géothermiques au remplacement, l’entretien ou la mise à niveau des équipements à haut potentiel de consommation (chauffage, climatisation, systèmes de ventilation, éclairage, chaudières) en passant par l’obtention de biens d’équipement labellisés « Energy Star».

Les gains d’énergie se situent entre 15 et 25%. Outre les bénéfices financiers pour les habitants, ce dispositif accroit le pouvoir d’achat des ayants-droit, renforce les normes de sécurité de leur habitat et diminue l’impact environnemental

 

Plusieurs changements sont induits par ce nouveau modèle dit “serviciel” :

Tout d’abord l’entreprise ne vend plus seulement un produit mais un service (le dispositif de chauffage est remplacé par son usage). On mettra en œuvre toutes les solutions d’accompagnement à l’utilisation, la maintenance, le changement de pièces, l’optimisation du fonctionnement, la durée de vie et les critères écologiques.

Deuxièmement l’entreprise va se focaliser sur la qualité du service plutôt que sur des objectifs de vente à court-terme ; ce qui peut être un gage de fidélisation d’un segment de clientèle de plus en plus sensible à l’impact environnemental de ses pratiques de consommation.tampon-qualite Au lieu de chercher à réduire les coûts, l’entreprise va se focaliser sur les meilleures conditions de mise à disposition et la qualité de la relation avec le consommateur.

Perdre en qualité pour minimiser ses coûts de production devient de ce fait un réflexe à bannir car les nouvelles normes de coopération territoriale mettent de plus en plus en avant les critères d’éco-conception dans les cahiers des charges. Si en essayant de réduire les coûts, l’entreprise fait donc recours à des intrants de moindre qualité, l’obsolescence rapide du produit vendu créera alors des externalités préjudiciables pour le consommateur.
Dans une logique de projets multi-acteurs à une échelle locale, on évitera au contraire ce type de comportements, au profit “des solutions qui prennent des formes favorisant la convergence d’intérêts” entre entreprises et consommateurs.

Il y a enfin l’émergence d’une logique de gestion multipartenaires qui, sur un territoire donné, tente de regrouper autour d’un besoin toutes les compétences innovantes, afin de fournir aux populations des solutions socialement responsables et respectueuses de l’environnement.

Ceci recoupe la définition des pôles territoriaux de coopération économique (PTCE) : le “regroupement, sur un territoire donné, d’initiatives, d’entreprises et de réseaux de l’économie sociale et solidaire associé à des PME socialement responsables, des collectivités locales, des centres de recherche et organismes de formation, qui met en œuvre une stratégie commune et continue de coopération et de mutualisation au service de projets économiques innovants de développement local durable.” (Article 9 de la loi relative à l’Economie Sociale et Solidaire, du 31-07-2014).

Une telle façon de voir l’offre des entreprises favorise l’utilité et la non nocivité environnementale et sociale des services apportés aux consommateurs.

Elle peut être transposée à plusieurs domaines de notre quotidien (santé, habitat, alimentation, mobilité urbaine, gestion des déchets). Elle dessine les contours de l’ “économie de la fonctionnalité” (si vous louez un bien au lieu de l’acheter, vous privilégiez la fonction remplie par ce bien au détriment de la possession). Pour les entreprises, elle doit pousser à repenser un modèle productiviste énergivore, déséquilibrant pour nos écosystèmes et guidé par des indicateurs de performance à court terme.