Le Bilan de compétences, supprimé des formations éligibles au CPF le 1er Janvier 2015, a retrouvé ses lettres de noblesse au 1er Janvier 2017.
Alors, essentiel ou obsolète ?…
A l’occasion des 10 ans du Pôle Mobilité Professionnelle voici un article de fond d’Isabelle WIBAULT pour ouvrir à une réflexion constructive.
Complémentaire du dispositif CEP et non en concurrence, le bilan de compétences a semble-t-il encore toute sa place.
En effet, nous constatons que beaucoup de salariés, confrontés à la souffrance au travail et/ou à des plans sociaux, le mobilisent de plus en plus. Nous constatons également que, des cadres perplexes face aux modes de fonctionnement de leur organisation, sont également demandeurs. De même, certains managers, manquant de confiance, sont alors en recherche d’estime d’eux même.
Créé dans les années 90, le bilan avait pour origine de permettre de définir un projet professionnel cohérent, réaliste et réalisable. Dans les années 2000, il était systématiquement préconisé dès lors qu’une personne s’interrogeait sur son avenir professionnel sans toujours clairement identifier la pertinence du bilan qui prenait alors pour certains l’allure d’un dispositif de développement personnel.
Remis en question dans sa forme actuelle avec une réflexion sur la personnalisation du bilan et la mise en place d’une expérimentation de bilans modulaires, nous avons constaté que la demande visant à réaliser un « bilan classique » est toujours bien présente.
Aujourd’hui, ce qui est exprimé par les bénéficiaires comme retour d’expérience d’un bilan, c’est la reconnaissance d’avoir pu vivre un moment précieux dans un monde rapide où il est rare d’être écouté et de prendre soin de soi. Ces personnes en demande décident volontairement de vivre cette démarche et disent avoir choisi de s’autoriser une parenthèse dans leur vie pour mieux rebondir ensuite, à prendre réellement un temps pour Soi et mener sa réflexion de façon proactive. L’accueil bienveillant, sans aucun préjugé de la part du conseiller en bilan, pour accompagner avec empathie le chemin personnel du bénéficiaire, notamment en demande de sens, est une des conditions indispensables pour que se déclenche naturellement l’Agentivité, cette volonté spontanée d’être acteur de son propre développement.
Dans un monde en grande mutation où apparaissent des réflexions sur la souffrance au travail, l’explosion du Burn-out, la nécessité de l’agilité dans les organisations…, le bilan prend alors une nouvelle dimension.
Son contenu ne se limite pas à une investigation destinée à définir un portefeuille de compétences et à une découverte de son profil de personnalité pour définir un projet réaliste et réalisable. Il s’enrichit aujourd’hui, que ce soit pour une mobilité interne ou externe, d’une démarche de prise de conscience et de réappropriation d’informations pour mieux se connaître (compétences, aptitudes, valeurs et motivations) et simultanément d’un enrichissement de connaissances pour mieux appréhender son environnement (culture, exigences, stratégie des entreprises).
Ainsi, au travers d’une méthodologie structurée autour d’investigations à la fois égocentrées et allocentrées, le conseiller permet d’activer les capacités cognitives du bénéficiaire afin qu’il effectue son propre travail d’anticipation, d’autoréflexion, d’autorégulation et de recherche de sens pour construire son projet professionnel d’avenir, cohérent avec lui-même et son environnement.
Ce dernier arrive alors à imaginer la construction de son projet singulier au sein d’un projet collectif d’une entreprise puisqu’il aura pris le temps de prendre du recul, de la hauteur et de se décentraliser pour faire des liens révélateurs de sens.
Quel que soit le motif et il y en a, ce qui relie ces personnes le plus souvent à mi-parcours de vie, c’est la recherche d’énergie et, derrière, de sens à leur vie en phase avec leurs valeurs.
Si elles connaissent ou ont conscience de certaines choses (situation, aptitudes, difficultés, forces…), elles ont besoin que le conseiller les aide à mettre de l’ordre, à trouver le fil conducteur, les liens, les bonnes réponses à leurs questions et les amène à « dés-enfouir » leurs talents pour que soit révélé le meilleur d’eux-mêmes. Alignées à qui elles sont réellement, ces personnes sont alors prêtes à se repositionner auprès de leur hiérarchie, du marché de l’emploi ou à se lancer dans la création de leur propre activité avec confiance, les porte s’ouvrant alors bien plus facilement.
Le bilan de compétences a ainsi encore de bien beaux jours devant lui.
Et vous qui nous lisez, qu’en pensez-vous ?
Isabelle WIBAULT est adhérente de la région Hauts de France ; elle exerce comme Psychologue Consultante, Resp. du Pôle Mobilité Professionnelle au Groupe DIDAXIS
Vous pouvez lui écrire ici ou par mail