Le 12 février 2015, chez Novancia, Bernard Liétard a présenté “son” livre “Etre formateur” dans le cadre des Jeudis de l’AFREF.
Olivier Gourbesville et Danièle Simon y étaient. Ils nous racontent.

Le plaisir et la convivialité étaient manifestes : ils ont apprécié de travailler ensemble et de produire cet ouvrage !
“Ils” ? Bernard Liétard et plusieurs professionnels du monde de la formation : Paul Boulet, Jean-Pierre Clève, Françoise Dax-Boyer et Claire Héber-Suffrin. A noter que deux autres collègues ont participé à cette aventure éditoriale : Schéhérazade Enriotti et Françoise Fillon, mais étaient absentes lors de cette matinée.

L’aventure éditoriale en question, c’est la rédaction et la publication du livre : “Etre formateur – Identifier les incontournables – Se professionnaliser” paru en décembre 2014, chez Chronique sociale, Lyon.

Dans ce livre, sept professionnels de la formation rappellent l’évolution de la formation des années 60 à nos jours.
Sept récits autobiographiques, sept parcours croisés, originaux, de sept personnes qui ont exercé dans des activités et des lieux différents, et qui ont tracé leurs propres chemins pour œuvrer dans ce monde de la formation.

Etre formateur - Livre B Liétard

Petit détour par la 4ème de couverture :

“… Quand quelqu’un parle de son parcours professionnel, il apporte des informations autant sur les évolutions pédagogiques et institutionnelles de la formation que sur lui-même… ce livre permet de se positionner dans un environnement de plus en plus évolutif et incertain… Dans ce contexte complexe et mouvant, les références nombreuses permettent de mettre en place une veille personnelle stratégique, condition nécessaire pour être « proactifs », … anticiper les évolutions et essayer de les influencer dans le sens de ses projets et de ses valeurs.”

Revenons à notre récit.

Très riche matinée où furent abordés, à travers les témoignages de personnes qui furent des acteurs engagés, divers aspects de la formation continue en France : son histoire et son évolution depuis le début des années 60, certains fondements pédagogiques (Freinet, Education populaire, etc…), les dispositifs (notamment la VAE, estimée – pour cette dernière – par certains orateurs comme une véritable révolution).

Paul Boulet a témoigné de l’importance du développement de l’alternance et a aussi mentionné l’histoire des Ateliers Pédagogiques Personnalisés : “En termes de valeurs, ce qu’on vit nous apprend souvent plus que ce que l’on nous enseigne”.

Furent également évoquées, par Françoise Dax-Boyer, les dimensions européennes (TTnet, Sémaphore, CEDEFOP) et mondiales (Comité Mondial pour les Apprentissages tout au long de la vie).

Des repères pour penser aujourd’hui la professionnalisation des formateurs et se positionner dans l’avenir ont été présentés, en particulier par Jean-Pierre Clève, autour de six “logiques” structurantes : la certification, le territoire, le partenariat, l’auto-formation, le réseau et l’apprentissage.

Quant à Bernard Liétard, grand organisateur et de cet ouvrage et de cette matinée de l’AFREF, il propose ses “dix commandements” du formateur :

  1. Homme-orchestre ou caméléon, tu seras, à la fois enseignant, militant, formateur métier et travailleur social…
  2. Stratégies de résilience, tu useras : le formateur doit faire preuve d’une bonne capacité à rebondir car on demande tout au formateur et notamment l’impossible, dans des temps de plus en plus raccourcis en mettant en œuvre du plus en plus complexe, avec des publics de plus en plus fragilisés, pour des honoraires de plus en plus faibles !
  3. Constructiviste, tu seras : le formateur construit son chemin en marchant,
  4. Pré-activité, voire proactivité, tu préféreras… Ni résigné, ni pompier réactif ou défensif, le formateur doit anticiper le changement pour mieux le gérer ; pour ce faire, il doit effectuer la veille stratégique nécessaire,
  5. Les NTIC n’auront aucun secret pour toi : la maîtrise des techniques numériques est obligatoire pour le formateur,
  6. Des compétences de 3ème dimension, tu auras, car le formateur est condamné à une certaine forme de bricolage, compétence qui s’acquiert dans l’action,
  7. Une approche partenariale et interculturelle tu auras,
  8. Sur tes valeurs sans cesse t’interrogeras : le formateur doit faire preuve d’éthique et toujours se demander à quoi et pour qui il forme…,
  9. L’expérience tu penseras : le formateur doit être en réflexion permanente sur ce qu’il fait,
  10. Et enfin, toute ta vie tu te formeras…

Bernard Liétard souligne aussi la nécessité de travailler en équipe et de mieux se connaître pour se faire reconnaître.

Maryvonne Sorel, en synthèse de cette matinée, a notamment souligné « On peut se demander ce qui pousse une personne, à un moment donné, à se penser formateur avec des parcours préalables si différents… Même s’il existe aujourd’hui des masters, on entre dans le métier de la formation  par l’agir et par le vivre »

Pour conclure notre récit, nous portons notre attention à quelques propos de Claire Héber Suffrin, propos qui nous semblent bienvenus dans notre collectif professionnel.

Elle a insisté sur la nécessité d’une relation paritaire et d’un principe de réciprocité en formation : il faut accepter d’apprendre de celui que l’on accompagne, savoir lui dire qu’on a besoin de ce qu’il sait ; si on ne dit pas qu’on ne sait pas, l’autre ne sait pas qu’il peut nous apporter quelque chose ! Il est important “d’avoir la conscience de ses manques tout en travaillant sur sa fierté”…

Elle a rappelé aussi l’utilité de partir de ce que sait l’apprenant : “c’est le porteur de la chaussure qui sait où la chaussure lui fait mal ; si on ne s’intéresse pas aux connaissances, aux savoirs, aux questions de départ de nos accompagnés, il y a incohérence ! Nous devons lâcher la condescendance…”. Parlant de l’évaluation, elle a également déclaré que “on ne sait jamais vraiment ce qu’on fait tant qu’on ne le voit pas à travers le regard des autres… La pire chose qu’on puisse faire à quelqu’un, c’est ne pas l’évaluer !

Enfin, parlant des réseaux, voici ses mots : “Dans un réseau, il faut faire de l’hétérogénéité une chance. Dans un réseau ouvert et transversal, chacun est centralement intéressant là où il est centralement intéressé ; il convient donc d’intéresser les gens en sollicitant leurs compétences. Un réseau est fait pour qu’on y puise quelque chose tout en l’enrichissant. Il y a des réseaux qui ligotent et d’autres qui libèrent, et toute personne qui prend une responsabilité doit commencer par se dire qu’il faut qu’elle apprenne”…

Des mots qui doivent nous guider dans nos façons d’agir au Sycfi